Il y a quelques jours, la copine homonyme et créatrice de Paye Ta Shnek, Anaïs Bourdet, a partagé une campagne forte, sur facebook: parler aux violeurs. Tu peux la voir ici

Nous vivons dans des sociétés qui permettent à des comportements délirants d’émerger. Comme si c’était ok. Comme si ce n’était pas grave de prendre un pouvoir sur (le corps de ) l’autre.

Et en pointant du doigt ces comportements, elle a ouvert de nouveaux échanges, de nouvelles prises de consciences.

L’un des postes de cette campagne a fait surgir un commentaire, qui est venu réveiller des histoires vécues, cristallisées en moi, que j’ai utilisées pour grandir et choisir une façon d’aborder la vie.

Ces histoires m’ont mise sur la voie de mes projets, sur les valeurs pour lesquelles je veux me lever.

Il  y a quelques années, j’ai écrit un article concernant l’une des dernières histoires qui, dans ma vie, m’ont forcée à aller voir en moi où j’en étais.

Et la campagne d’Anaïs m’a permis d’y retourner.

Cela me permet maintenant de renouveler mon “pourquoi”, mon engagement à ces valeurs, celles pour lesquelles je développe Mystic Yzis!

Alors voilà.

Le poste d’Anaïs disait ceci:

 

Ce à quoi un commentaire complétait:

“Tu as continué alors que ton ou ta partenaire avait clairement mal/pleurait / était clairement mal à l’aise /ne bougeait pas”…

Touchée, personnellement.

Comme tant de femmes.

A lire ce commentaire, j’ai ressenti un truc comme “ça y est, c’est le moment, le voile se lève, il est temps de parler”…

Alors j’ai écrit.

Je retranscris d’abord ma réponse à ce poste et à ce commentaire, puisque la réflexion à démarré là:

 

“Certaines personnes (dont j’ai fait partie, plus jeune) ont une énorme difficulté à dire non.

A propos de beaucoup de choses, déjà dans le quotidien…

Par peur de rejet, d’abandon, de solitude, de ne plus être aimé(e)…

Alors quand ça en arrive aux relations sexuelles, c’est encore plus compliqué, étant donné parfois l’énergie de volonté énorme qu’on a en face de nous, à laquelle il est vraiment difficile de mettre un frein…

Alors, on espère que notre silence ou notre manque d’enthousiasme soit perçu et compris comme un non.

Ça marche souvent pas, faut le dire…

Je connais bien cette sensation de sortir de son corps, d’attendre que ça passe, comme en parle Vxxxx xxxx ci dessus…

Puis un jour, tu oses dire NON.

Un vrai non, un non entier et clair, puissant.

Mais la personne, avec son gros désir, ne veut pas l’entendre. Du tout.

Il te balance même un “fais pas la gamine” et te prends de force.

Tu pleures, mais il a décidé qu’il ira jusqu’au bout…
Au moins, j’avais enfin osé dire non.
Et j’ai pu dire non à cette relation là, aussi.

Parce que jusque là, je croyais encore qu’il y avait de l’amour et du respect dans cette relation.

Là, j’ai enfin pu arrêter d’encenser une personne qui ne le méritait pas le moins du monde et me donner plus de respect à moi même…

Mon problème, maintenant, c’est que de là, j’ai tellement renforcé mon “non”, que j’ai un peu de mal à m’en défaire…

Comme si c’est tout le pouvoir que j’avais, comme si ce “non” était une protection que je ne me sens plus de lâcher, qui me fait me sentir safe…

Même avec un compagnon qui, maintenant, respecte chacun de mes “non”, qui ne fait rien tant que c’est un “demi-oui”…

Merci d’avoir partagé là dessus.

Parce que j’ai toujours su que je n’étais pas fautive… Mais avec une sensation de culpabilité quand même.

Ne rien dire, ne pas bouger, laisser faire, c’est pas un message clair, c’est “qu’on le voulait bien”…
Comment faire comprendre que sous le silence, il y a beaucoup de blessures et de craintes de simplement oser se donner la valeur de donner son avis.

Comment faire comprendre qu’un corps ne se prend pas, qu’on doit être deux, en communication constante, en conscience et en vigilance de ce qu’il se passe pour l’autre comme pour soi.

On joue ensemble ou il n’y a pas de jeu, il n’y a qu’une prise de pouvoir, de l’abus…

 

Et même en silence, même sans mots, c’est une violence terrible…”

 

Mon premier “NON”.

Un processus s’était amorcé, qui prendrait de nombreuses années: apprendre à prendre ma place, à dire ce que je veux et ce que je ne veux pas, savoir profondément ce que je veux/vaux (et vice versa).

 

J’ai réalisé que je m’étais laissée violer tellement souvent…

J’ai laissé faire… Jusqu’au jour où ce fut un viol pur et dur, au delà du non dit.

Et en fait, ce “NON” ne me laisse pas de gout amère, au contraire, il me rend fière de moi, car enfin, je l’avais dit à haute voix!!

C’était le 1er pas!

Mais comme il semble que j’apprends lentement, il m’a fallu me confronter plusieurs fois à d’autres expériences, pour ancrer cette “nouvelle compétence”…

Et l’histoire qui, dans ma vie, m’a permis d’accéder à un niveau encore supérieur, dans cet apprentissage, s’est déroulée en 2015.

Il s’agit de guérison du Féminin. Avec un grand “F”, parce qu’elle s’adresse aux femmes en premier, mais parle aux hommes également.

 

L’article qui raconte l’expérience est vraiment vraiment long! Il parlait à la base de retraite de méditation Vipassana, au Népal.

 

Tu peux le retrouver ici si ça t’intéresse de connaitre le contexte de ce récit.

Mais voici le passage qui nous intéresse:

“Trois fortes expériences sont apparues lors de mes méditations.
L’une m’a permis de faire la paix avec ce dialogue interminable avec Ajit.
Le dialogue a repris parfois, mais l’émotion avait changé, il s’est complètement dépassionné.
Je ne vais pas tout retranscrire ici, sinon j’en ai encore pour 10 pages supplémentaires !
Pour résumer, disons que ce sont peut-être mes expériences de voyage chamanique qui m’ont amenée à avoir des visions, je ne sais pas, mais j’ai fait appel à de l’aide, appel à la mère (celle en moi ?), pour que ce dialogue épuisant s’apaise.
Et cette fois, c’était la forme d’Ajit et ma forme, qui dialoguaient dans espace sans début ni fin, sans couleur…
J’en ferai peut être un jour une BD, de tout cet échange !
Mais l’important, c’est qu’à la fin, Ajit me disait « je serai toujours là, moi », en ouvrant les bras et que peu à peu, la forme a changé, et Ajit est devenu moi, une sorte de moi grande et profondément aimante, les bras grands ouverts, me montrant que c’est bien moi, en moi, la réponse à mon manque intérieur !

« Je serais toujours là, moi… ». Apaisement…

Une autre m’a fait reconnecter avec mon pouvoir intérieur : vision d’une femme guerrière, entourée de deux lionnes, un bâton maintenu fermement, le frappant au sol avec force, avec un soleil immense en arrière-plan et la savane africaine.

Elle porte une fourrure lui couvrant la tête et le dos.

Ça dure une seconde, mais je ressens tout le pouvoir de la femme sauvage, qui a repris son plein pouvoir, qui est dans son centre.

Cette vision m’apparait alors que les larmes ruissellent sur mon visage, après un mélange de souvenirs : lors de la méditation du matin, soudain, une discussion avec un jeune homme me revient en mémoire.

Le jeune homme en question essayait d’avoir une relation sexuelle avec moi et je le repoussais inlassablement.

Je croyais pourtant avoir été claire, depuis le début de notre rencontre, qu’il ne se passerait rien entre lui et moi,

« non bien sûr », m’avait-il répondu.

Mais pourtant il était là, à essayer encore.

« Non ! », « Non ! » Le ton est impatient, je le repousse, vraiment, je ne vois pas comment ne pas comprendre…

Je finis par m’énerver complètement :

« Bon, tu as entendu que je t’ai dit NON ou pas ?! ».

Il ose me répondre, tranquillement, sans aucune méchanceté, avec le plus grand naturel du monde :

« Non, pour moi quand une fille dit non, ça veut dire oui ».

Oh mon dieu la claque, je suis choquée, atterrée, comment est-ce possible ? Cette mentalité ?!

Et soudain, je ressens toute la souffrance des filles et des femmes, des copines et des femmes mariées, qui disent un « non » qui n’est pas entendu, qui osent un petit non ou qui n’osent pas, qui donnent un petit « oui » ou qui ne disent rien, mais laissent faire…

Tous ces hommes, qui n’ont rien du profil type que l’on s’imagine à propos du violeur, mais qui n’entendent pas la violence qu’ils imposent à la fille, à la femme qui est juste là, en entrant en elle sans réel consentement.

Qui pensent que parce qu’ils vont partager une couche, parce que c’est leur copine ou leur femme, parce qu’ils ont commencé des échanges amoureux, peut-être, cela signifie qu’ils obtiendront ce qu’ils veulent du corps de l’être qui est là, à côté d’eux.

Cette souffrance muette, cette impuissance, cette soumission par dépit, par fatalité, je la ressens soudain avec une telle force !

Et je repense à Ajit et j’ai le sentiment de lui avoir cédé mon pouvoir!

Comment ai-je pu remettre ce pouvoir à l’extérieur de moi-même ?! Je le reprends ! Et là, la vision.

Et le nom de la déesse Sekhmet me vient à l’esprit.

La douce déesse chat Bastet devient la lionne Sekhmet, furie et colère, qui détruit ceux qui sèment le chaos !

La lionne a tué le lion et elle a (re)pris son pouvoir !

Je ne blâme Ajit de rien, mais j’observe ma tendance à chercher à l’extérieur un réconfort et une preuve de ma valeur, de ma légitimité à être, alors que personne d’autre que moi ne peut combler ces vides !

Je lui ai cédé mon pouvoir par peur d’être rejetée, je le lui ai confié, mais lui-même, que pouvait-il bien en faire ?

Je lui ai laissé me vendre un rêve, « je serai toujours là pour toi », mais une illusion confortable reste une illusion.

« On pleure parfois les illusions avec autant de tristesse que les morts », disait Maupassant.

Il y a un temps pour pleurer et maintenant, j’ai expérimenté dans mon corps le temps de sécher les larmes, puis le temps de la reprise de pouvoir.

Quelque chose a changé et encore une fois, pas seulement intellectuellement.

Ça, c’est facile, mais ça reste seulement en surface.

Désormais, c’est une nouvelle dimension qui est née en moi, qui a pris place. Un nouvel espace s’est ouvert. Une nouvelle fois, plus profondément encore.

Je ne voulais pas partager tout ça ici, mais j’entends les femmes, amies, sœurs, népalaises, belges ou d’ailleurs, qui vivent ces vides, ces soumissions, qui expérimentent cette remise de pouvoir au masculin.

Et ça m’a décidée à écrire cette expérience, finalement.

Parce que peut être qu’elle touchera l’une de vous.

Ou peut-être que ce n’est que mon engagement que je ré-affirme face à vous, en écrivant, je fais de vous les témoins de cet engagement en moi.

Je ne suis pas féministe, je suis plus que cela ! (Sans dénigrer le féminisme).

Ce n’est pas pour le droit des femmes que je veux me dresser, c’est pour que le féminin sacré soit à nouveau honoré, en chaque femme et en chaque homme !

De là, tout le reste, le respect des droits des femmes, ne pourra que découler naturellement…

C’est la démarche d’une vie (je dis « démarche » pour ne plus dire le combat… Même si je resterai dans l’énergie de la guerrière Sekhmet en utilisant le mot, je ne suis pas sure de vouloir combattre toute ma vie) !”

 

Je me relis et j’ai des frissons…

Toute l’énergie qui venait avec cette vision et cette prise de conscience vibre dans chaque cellule de mon corps!

Et c’est cette vibration que je veux transmettre à travers mes créations.

Je ne veux pas “me battre contre” (les hommes, un système patriarcal, une culture du viol…), je veux “créer pour et avec” le Féminin Sacré et ses archétypes.

On est ensembles, toutes et tous, dans nos blessures et nos colères, on en fini plus d’alimenter les cycles de bourreaux/victimes.

Il faut qu’on en sorte!

Je veux alimenter de quoi nourrir les imaginaires des femmes, dans le sens de ce qui leur redonne leur pouvoir.

Je veux contribuer à ce que les femmes reprennent leur pouvoir de dire NON!

Et le pouvoir de dire un vrai OUI à elles-mêmes, à leur vérité profonde.

Je veux que les femmes s’honorent dans leur corps, dans leur sexualité, dans leur beauté, dans leurs émotions, dans leurs ressentis, dans leurs failles, dans leurs faiblesses, dans leurs forces.

Qu’elles fassent le choix de vivre un processus pour guérir et s’aligner sur ce le sacré en elles.

Que chacune agisse pour sa propre guérison.

Et ajoute sa guérison personnelle à la guérison collective!!

Avec Mystic Yzis, je veux aller dans ce sens et je veux inspirer les femmes à y aller aussi.

A mon échelle, avec mes mains et mon imagination, je veux renouveler cet engagement, à chaque création.

 

 

 

A propos de l’image:

j’ai cherché une image de Sekhmet, mais ce que j’ai trouvé, se rapprochant le plus de l’énergie de ma vision, c’est cette Durga/Kali.

Et il y a de belles choses à raconter sur elle(s)!

J’écrirais un article sur ce qu’elle(s) soulève(nt), c’est sûr!

Tu peux rester au courant de ma prochaine publi en t’abonnant.

A bientôt et merci pour ta lecture!

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